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Les mines antipersonnel, un drame d’actualité en 2016

En 2016, les mines antipersonnel restent plus que jamais un drame actuel occasionnant 80 % de victimes civiles dans le monde, dont un tiers sont des enfants.

Chaque jour, plus de 10 personnes sont tuées ou mutilées à cause d’elles, selon des statistiques rendues publiques, lundi, à l’occasion de la commémoration de la Journée internationale de sensibilisation au problème des mines antipersonnel. Cette arme est pourtant interdite par le droit international, mais son utilisation augmente. Plus 12 % depuis 2014.

Au total, dix pays dont la Syrie, l’Irak, la Libye, l’Afghanistan, l’Ukraine, le Yémen ou encore Colombie  restent aujourd’hui concernés par l’utilisation, la pose de mines antipersonnel. Or, les effets de ces armes se font sentir bien au-delà des conflits, comme le rappelle Marion Libertucci, experte de l’ONG Handicap international :

« Ces armes restent sur le terrain, et à tout moment, elles peuvent causer des accidents pour un paysan qui va vouloir cultiver sa terre, pour un enfant qui va trouver un objet par terre et va vouloir jouer avec, et pour des gens qui vont vouloir retourner dans leur foyer. »

« Aujourd’hui, on a déminé 27 pays, mais il resterait encore une soixantaine de pays qui seraient contaminés, ajoute Mme Libertucci. Donc, il faut continuer et ça coûte cher. C’est très difficile d’avoir des moyens mécaniques pour assurer un déminage efficace. Ce sont souvent les hommes qui doivent déminer. Ils avancent pas à pas, littéralement. Dans certains pays, ça va prendre des décennies. On pense notamment au Laos, qui a été largement contaminé par les mines et les sous-munitions. »

La situation est particulièrement délicate en Syrie, explique l’experte de Handicap international : « Les groupes rebelles utilisent très facilement des mines, parce que c’est facile d’accès, très peu cher et facile à utiliser. Malheureusement, la situation en Syrie est particulièrement catastrophique, avec l’utilisation de mines et également de sous-munitions, des bombardements sur les populations civiles… Et là, on voit aussi une très forte hausse des victimes civiles. »

Et de conclure en évoquant la situation particulière de Kobane, en Syrie : « Nos démineurs nous ont dit qu’ils n’avaient jamais, jamais constaté un tel niveau de contamination. Contamination créée à la fois par des bombes aériennes, par des mines antipersonnel, et par beaucoup de pièges explosifs. Là, vraiment, les habitations ont été piégées, que ce soit les tiroirs, les fenêtres… Il y avait même des cadavres piégés, pour empêcher les personnes de les déplacer. »

AIP

Auteur:
Armand Tanoh