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Présumées écoutes téléphoniques Bassolé-Soro : La justice militaire burkinabè réveille l'affaire

La justice militaire burkinabè vient d’ordonner l’analyse, par un expert indépendant, des écoutes téléphoniques supposées entre Djibrill Bassolé et Guillaume Soro, les impliquant dans la tentative de putsch de septembre 2015 au Burkina Faso. La demande avait été formulée à la fin du mois de septembre par le juge d’instruction chargé du dossier, selon une source au sein de la justice burkinabè.
L’enregistrement de la supposée conversation téléphonique entre l’ancien chef de la diplomatie burkinabè sous l’ère Compaoré, M. Djibrill Bassolé, et le président de l’Assemblée nationale ivoirienne, M. Guillaume Soro, a été, rappelle-t-on, l’élément déclencheur de l’arrestation de Bassolé et fait figure de pièce centrale de l’accusation dans l’affaire du coup d’Etat avorté.
L’analyse, qui était réclamée depuis des mois par la défense de l’ancien ministre des Affaires étrangères, doit être effectuée par un spécialiste allemand, Hermann Künzel, régulièrement consulté en Europe comme expert de la phonétique. Les résultats doivent être communiqués au juge quinze jours après réception de la demande. Le juge a convoqué Djibrill Bassolé et sa défense mardi 4 octobre afin de lui notifier cette décision et de briser les scellés de la clé USB contenant les fameux enregistrements.

« C’est une bonne nouvelle, qui relance la procédure », a commenté sur Jeune Afrique Me Alexandre Varaut, avocat français de Djibrill Bassolé, affirmant que « tout ce qui contribuera à la manifestation de la justice est souhaité par la défense », tout en se disant confiant que « je ne doute pas que cette expertise montrera que la bande est le produit d’un montage ». En effet, tout comme Guillaume Soro, Djibrill Bassolé a toujours dénoncé un montage et une « manipulation », thèse renforcée, selon les avocats de la défense qui l’ont commandée, par une expertise privée menée en début d’année 2016. « Monsieur Bassolé a bien appelé Guillaume Soro, comme il a communiqué avec d’autres hommes politiques, mais il ne faisait alors que se renseigner et discuter des événements », a expliqué Me Alexandre Varaut qui dénonce un emprisonnement « politique » de son client.

La défense de Djibrill Bassolé espère désormais un non-lieu ou, à défaut, un procès public où Djibrill Bassolé, « combattif et déterminé » voudra « prouver son innocence ». Le Président burkinabè, Roch Marc Kaboré, a, à plusieurs reprises, déclaré qu’il souhaitait que cette affaire « soit réglée le plus rapidement possible, avant la fin de l’année », en précisant toutefois que c’était à la justice de fixer ces délais. Djibrill Bassolé est emprisonné depuis le 29 septembre 2015, rappelle-t-on.

Auteur:
Armand Tanoh