C’est par une soirée de l’entrepreneur sous le thème: " l'Echec entrepreneurial: continuer ou renoncer" que la Fondation Friedrich Naumann a mis fin le vendredi 23 septembre 2022 à la 5ème édition du concours Falling Walls Lab Abidjan 2022. Laquelle a été remportée par Kouamé Koffi Alain avec sa solution de gazoil à base de déchets plastiques. Cette soirée d'échanges a été l’occasion pour deux jeunes entrepreneurs ivoiriens de partager leurs expériences. Il s'agit de Samuel Sévi, DG de SEVI-CI et Edi Macaire Province, PDG de SGBEA Finance SA.
Entrepreneur à 25 ans, Edi Macaire a créé la SGBEA(Société générale des bailleurs de fonds, des entrepreneurs et actionnaires), Finance SA, une entreprise par financement participatif en 2016. Suivi d'un centre d'accompagnement de PME, quelques années plus tard.
Son premier échec remonte à la création de SGBEA Groupe Afrique. "Ce qui est à la base de cet échec, c'est que je ne maîtrisais pas l'environnement juridique de l'activité que je venais de lancer", explique le fondateur de la plateforme Global Eliting pour Réseautage, partenariat et Prêts Collaboratifs. Et d'ajouter que c'est plus tard, j'ai compris que "investir en catastrophe conduit toujours à la catastrophe". Et depuis lors, après des ennuis judiciaires, l’enthousiasme du début a fait place à l’amertume ; parce que sa société a fermé.
"Je me suis fait formé, j'ai lu des documents, j'ai participé à des forums pour mieux connaitre le droit en entreprise, l'environnement de l'activité. Il faut trouver des solutions, et avoir son propre fonds avant de s'engager ", a-t-il dit, évoquant les millions qu'il a perdus à l'époque du fait de son inexpérience.
"Dans l'entrepreneuriat, il ne faut pas sauter les étapes. Il faut apprendre de ses erreurs, se faire former et avoir un mentor, faire attention aux comportements des autres, l’esprit d’équipe, le choix des collaborateurs fait partie de la réussite d’une entreprise", a conseillé le jeune intermédiaire financier.
Edi Macaire ne s'est toujours pas remis de ses échecs, parce que sa structure de 2016 jusqu'aujourd'hui n'a toujours pas eu son agrément. Il a finalement tout arrêté, et se retrouve à la maison. Son domicile lui sert désormais de bureaux pour quelques contrats sporadiques, en attendant de prendre un nouveau départ entrepreneurial.
Contrairement à Edi Macaire, Samuel Sévi, patron de la Société ivoirienne de vente d'équipements de Côte d'Ivoire(SIVCI), filiale du Groupe SNEDAI, a le vent en poupe. Après avoir remporté plusieurs prix dont le concours Falling Wals Lab en 2017, il est présenté au plan national comme un modèle de réussite. Mais, avant d'être à ce niveau de l'échelle entrepreneuriale, il a connu bien des misères. Ses débuts remontent en 2011 à 17 ans avec Young Power, sa première société, créée en 2016. Les moments de doute, d’incertitude, l’envie de tout d’abandonner, il a ressenti tout cela. Pendant cette période cruciale de sa vie, l’idée lui est même venue, un jour, de déchirer son brevet d’invention, parce qu'il ne trouvait aucun financement pour son projet. Il était désemparé.
"J'ai dû apprendre à écouter, à analyser, à prendre des avis, à ne pas avoir honte ou demander des conseils face à de grandes décisions. Car l'entrepreneuriat est un monde où l'opportunité peut se présenter une seule fois", a-t-il insisté.
"En entrepreneuriat, on ne peut pas réaliser seul un projet. Il faut aussi comprendre qu'il n'y a pas de concurrence, parce que même si on laisse le champ libre à une personne dans un domaine bien précis, elle ne pourra jamais satisfaire tout le monde, parce que chacun a sa part de marché...", a fait remarquer Samuel Sévi.
Aujourd’hui, c’est un chef d’entreprise heureux de 28 ans à la tête d'une structure qui fait des chiffres d’affaires en centaine de millions F.CFA annuellement. « Je suis fier de ce que je suis, même s’il y a toujours des défis à relever au quotidien", a confié le jeune patron, encourageant tous les jeunes intéressés par l'entrepreneuriat à ne pas hésiter, mais de prendre le temps de réfléchir à tous les contours, avant de se jeter à l’eau.
L'objectif de cette soirée selon le premier responsable de la Fondation Friedrich Naumann à Abidjan, Magloire N'Dehi, était d'expliquer que derrière tout le beau discours sur l'entrepreneuriat, il y a la face des difficultés et échecs. " (...) Parce que nous sommes dans une société où les difficultés sont vues comme des fatalités.. On dit qu'il ne faut pas partager ce qui n'a pas marché, parce que cela fait honte, alors que les erreurs peuvent aider à s'améliorer ", a-t-il indiqué.
Auteur: LDA Journaliste
