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Regards croisés sur l'Emergence de l’Afrique : Ouattara, Sall, Sirleaf, Condé... le rêve légitime face au devoir de vérité

La Conférence internationale sur l’émergence de l’Afrique 2017 s’est ouverte à Abidjan en présence du Chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara et trois de ses homologues africains, à savoir Alpha Condé de la Guinée, Ellen Johnson Sirleaf du Liberia, et le Sénégalais Macky Sall. Tous adhèrent à l'idée de voir leur pays émerger dans un avenir plus où moins prôhe : un rêve légitime qui pourtant n'échappe pas à un dévoir de vérité.  

L’émergence en question

Ces assises ouvertes depuis le 28 mars 2017 à Abidjan et censées prendre fin le 30 mars, se tiennent sur le thème : « La mise en œuvre des plans d’émergence ». Le but de cette grande conférence internationale sous-régionale est de jauger le niveau de developpement des Etats africains qui aspirent tous à l’émergence d’ici 2020 et au-delà pour la plupart. Laquelle émergence passe nécessairement par une économie plus forte avec une réduction significative de la pauvreté. Toute chose qui doit les conduire à se débarrasser de l’étiquette de pays sous-développés. 

C’est vrai que le chemin est tortueux et difficile mais, il faut croire à cette émergence avec beaucoup plus d’initiative. Selon le Guinéen Alpha Condé, l’Afrique a besoin d’être "plus innovante, plus productive et plus compétitive" pour réussir l’émergence de son économie, à l’ouverture de cette conférence internationale, notant tout de même des efforts réalisés. « "L’Afrique a amélioré ses résultats économiques et sociaux entre 2000 et 2015 en enregistrant une croissance réelle de son produit intérieur brut global de plus de 5% par an", a-t-il ajouté. Meme si, selon lui, "cette performance est très en deçà de celle des pays émergents d’Asie »".

« La pertinence des plans d’émergence… »

Pour Alassane Ouattara, il s’agit plutôt des obstacles qu’il faut relever pour amorcer le developpement des pays africains. Cette rencontre "devrait être une opportunité pour répertorier un certain nombre d’obstacles à lever afin d’accélérer la marche des pays africains vers l’émergence".

Et cela ne pourra être possible que par la nature des plans d’émergence mis en œuvre dans chaque pays. "Il s’agit de la qualité et de la pertinence des plans d’émergence qui devront tenir compte des logiques économiques mondiales et de nos réalités socioculturelles" a-t-il soutenu. Le président ivoirien pense que l'un des critères de l'émergence, c'est de partager ce rêve avec les populations. "(..)les populations doivent comprendre qu'elles doivent être le moteur de l'émergence", a-t-il souhaité.

Croissance non inclusive

L’émergence d’un pays est bien celui qui arrive à mettre en rapport la croissance économique et le developpment humain. Or la majorité des pays africains sont loin de cette réalité. En Côte d’Ivoire comme au Libéria, au Sénégal, en Guinée, ce sont presque les mêmes réalités. Les populations ne bénéficient pas des retombées de la croissance économique. Une mauvaise distrubtion des richesses fait que ces populations restent à majorité pauvres et ont du mal à subvenir à leurs besoins vitaux. En Côte d’Ivoire,  certes des efforts sont faits pour palier cet état de fait, mais il reste que le pouvoir d’achat des Ivoiriens demeure faible quand les prix des denrées alimentaires de première néccessité continuent de grimper. En clair, l’émergnce, c’est la volonté politique de réduire la pauvreté. Il faut donc davantage de croissance économique aux pays africains pour repondre aux besoins vitaux de leurs populations.  

Couper le cordon colonial

Selon le guinéen Condé, toutes ces bonnes intentions qui ne seront qu'un leurre si l'Afrique ne prend pas son courage pour prendre définitivement son indépendance vis-à-vis de ex-puissances coloniale. Bien que président en exercice de l'Union africaine, Alpha Condé s'est vertement insurgé contre la dépendance économique de cette organisation panafricaine de l'Europe. "Comment pouvons-nous parler d'indépendance financière quand l'Union Africaine est financée par l'Union Européenne", a-t-il fustigé. "Nous sommes encore trop attachés à la puissance coloniale. Il faut couper le cordon ombilical!", a-t-il appuyé. Pour lui donc, l’émergenece en question pourra être possible si l’Afrique s’affranchit réellement de l’occident au plan économique, politique, etc. 

 

Le rêve de la plupart des pays africains d’être émergents à partir de 2020 pourrait bien devenir un leurre, si les efforts ne sont pas faits par les dirigeants en mettant l’accent sur une croissance économique et developpement humain. La preuve, le Tchad, à l’émergence initialement prévue en 2020, mise désormais sur 2030, à l’instar du Togo. Le Sénégal, plus prudent, s’engage pour 2035. La Côte d’Ivoire continue, quant à elle, de croire à une émergence d’ici 2020.  

Daniel Coulibaly

Auteur:
Daniel Coulibaly