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Côte d’Ivoire-Reportage/ Site aurifère d’Abouakakro 2: des orpailleurs en grands conquérants

Déguerpis par les forces de l’ordre en 2014, du site aurifère d’Abouakakro 2, à 7 km de Djékanou, chef-lieu de département (Centre), les orpailleurs clandestins appelés « clandos », en grands conquérants, sont de retour sur ce site pourtant attribués par le biais de permis d’exploitation à des sociétés minières, creusant et fouillant le sol, à la recherche de l’or, en dépit de l’opération ORPI 3 menée du 17 au 06 juillet pour faire déguerpir les orpailleurs non autorisés sur le territoire national.

Il est environ 14 heures 45 minutes, ce dimanche 24 juillet, lorsque nous atteignons le village d’Abouakakro II après une cinquantaine de km en voiture. Peuplé d’environ 700 âmes, le petit village est rythmé par un ballet incessant de véhicules et de motos transportant au quotidien « de jour comme de nuit » des individus non identifiés qui occupent encore illégalement le site aurifère.

Un arrêté ministériel a octroyé le 11 janvier 2016 des agréments à deux sociétés minières pour exploiter 250 hectares de terrain sur une période de quatre ans dans la localité d’Abouakakro II, fait-on savoir.

Renseignement pris auprès de notre premier interlocuteur le jeune Firmin Kouakou nous, sommes informés que le chef Augustin Kouadio est en voyage. Il nous conduit aussitôt à travers une ruelle du village chez le notable du chef Jean Yao Kouamé.

Interrogé, le notable du village explique que « ces hommes qui avaient causé l’enfer dans le village ne sont jamais partis, mais ils ont fait véritablement leur retour sur le site depuis le 07 janvier 2016 ». Le site est à quelque deux km du village. Après une cinquantaine de minutes de marche sur une piste impraticable, nous atteignons par des voies détournées grâce à un guide le site à 16H 12 minutes.

Des Orpailleurs après le travail cherchent à se restaurer dans une cuisine de fortune

Des Orpailleurs après le travail cherchent à se restaurer dans une cuisine de fortune

Au cœur de la forêt, sous de grands arbres, une population nombreuse de plus d’une centaine de personnes au corps couvert d’argile se distingue. Des abris, des monticules d’argile et de gros morceaux de bois s’imposent au décor creux du site jonché de trous et de canaux. Assis par groupe de travail, des chercheurs d’or au repos après plusieurs remontées de roches échangent sur le plan de l’action à mener. D’autres sont très actifs dans une cuisine de fortune à proximité pour se servir à manger. Quand d’autres encore surpris et gênés par notre « intrusion » sur le site évitent  notre présence.

Des jeunes et des moins jeunes et parfois des hommes plus âgés y sont et travaillent dans des conditions effroyables. « Il y a des puits de 20 à 30 m de profondeur et après, ce sont des tunnels en dessous qui se communiquent » explique le guide pascal Kouamé. Il signale la mort récente d’un orpailleur causée par la chaleur au fond d’un puits.

En dépit de toute la diplomatie utilisée pour en savoir davantage sur leur présence en ce lieu, les orpailleurs sont restés silencieux et sans réponse. Certains se détournent de notre regard, prennent la direction de la forêt pour éviter la camera de notre appareil photos. « Ils ne parleront pas, ils ne répondent à personne ici depuis leur arrivée et personne ne peux les obliger », fait savoir le guide.

« Seule l’arrivée des autorités ou de la gendarmerie poussent ces hommes (les orpailleurs) à foncer tous comme des rats dans les puits et disparaissent pour ressortir ailleurs dans la forêt ». Ces jeunes « clandos » ont choisi de dormir en forêt « Ils viennent au village pour juste chercher de quoi se nourrir », informe Pascal Kouamé.

Les tentatives de rencontre avec le chef de brigade de Djékanou pour plus de d’informations particulièrement sur la sécurisation du site n’ont pas abouti.

« Tous les jours, ce sont de nouveaux venus on ne sait d’où ils sortent, ils traversent le village passent à travers nos domiciles sans même saluer », a déclaré Rose Kouadio qui avoue être traumatisée par ces hommes et leur attitude. « Ces hommes nous menacent quand nous nous rendons sur le site, je pense que le gouvernement doit apporter une solution définitive à Abouakakro II », plaide Konan Kouassi natif du village.

« Notre souhaite aujourd’hui, c’est l’arrivée des sociétés agréées sur la parcelle réservée par l’État peut résoudre le problème d’orpaillage dans notre village », préconise Jean Yao Kouamé le notable du chef dAbouakakro II.

AIP

Auteur:
Armand Tanoh