L’Autorité nationale de la presse (ANP) a organisé la 32ème session de sa formation dénommée « ANP Academy » sous le thème « Bonnes pratiques journalistiques : comment remédier aux incivilités et à usage des termes inappropriés dans la presse », le lundi 23 septembre 2024, au siège de l’institution.
L’objectif était de renforcer les compétences linguistiques des journalistes et correcteurs de presse en matière d’usages de civilité et surtout éviter l’usage des termes inappropriés dans la production de l’information.
Le formateur Moussa Zio, enseignant et journaliste, par ailleurs, président de l’Observatoire de la liberté de la presse, l’éthique et de la déontologie (l’Olped), a indiqué que les incivilités se définissent comme le manque de politesse, de civilité… et les usages inappropriés renvoient à ce qui salit la réputation, dévalorise, rabaisse, porte atteinte à la dignité etc.
C’est pourquoi, estime-t-il, il faut faire attention aux sobriquets qui sont à la fois péjoratifs ( dévalorisants) et mélioratifs (valorisants). Les surnoms familiers, par exemple, le boulanger, le roublard, le Woody de mama pour désigner l’ex-président Laurent Gbagbo, le « Petit gros » pour Guillaume Soro, « Maman Bulldozer » pour Anne Désirée Ouloto, « kandiarousse » pour Kandia Camara, « Marie-Claire » pour Adjoumani Kobenan Kouassi, Ado Problèmes, Chef de l’État etc pour le président Alassane Ouattara ne sont pas utiles dans le texte d’un journaliste.
Pour Moussa Zio, derrière tous ces sobriquets il y a une volonté manifeste d’insulter ou d’injurier des personnalités publiques ou la personne ciblée. « Les professionnels des médias ne doivent pas utiliser les sobriquets qu’ils soient valorisants ou dévalorisants pour informer », a-t-il déconseillé.
« Si les journalistes utilisent les stéréotypes, cela doit être dans le but de les déconstruire. (…). Car , il y a beaucoup de stéréotypes et nous devons faire très attention, parce que la conséquence ; c’est de monter toute une image d’un individu, d’un groupe d’individus, d’une nation, d’un peuple, d’un continent. Ils peuvent radicaliser, durcir la perception que nous avons les uns des autres et même être source de conflits », a-t-il souligné.
Moussa Zio a soutenu que les journalistes doivent corriger les usages fautifs et expliquer à toute la population les bons usages, parce que tous les sujets ne peuvent pas faire l’objet de dérision.
En ce qui concerne, l’utilisation des civilités, titres honorifiques, titres religieux, les abréviations conventionnelles courantes, il a conseillé aux journalistes et correcteurs de connaître le code typographique.
« En Côte d’Ivoire, selon la boussole de l’ANP, la presse par ignorance ou négligence tend à développer de nouvelles pratiques qui enfreignent les normes établies. Ainsi, il est courant de relever dans beaucoup de médias des titres protocolaires et de distinctions honorifiques attribués à tort à des personnes, des fonctions à tort à des personnes qui ne les occupent plus et des personnalités désignées par leur seul prénom… », a-t-il déploré.
« Est-ce professionnel que nous travaillions de la sorte ? Nous devons nous-mêmes faire notre autocritique. Nous soumettre à l’évaluation du professionnalisme dont nous faisons preuve quand nous produisons de l’information. Et cela est à mettre sur le compte de la presse partisane qui est en général la presse d’opinion. Très peu de médias ivoiriens sont des médias d’informations générales », a fait observer M. Zio, soulignant que la grande majorité des journaux ivoiriens sont adossés à des partis politiques.
Auteur: Daniel Coulibaly