L’Unesco a annoncé jeudi 25 novembre 2021 avoir adopté un premier texte mondial sur l’éthique de l’intelligence artificielle (IA), un premier pas pour encadrer ces technologies révolutionnaires, qui font peser des risques fondamentaux sur les sociétés en dépit des nombreuses avancées qu’elles permettent.
“Les technologies de l’IA peuvent rendre de grands services à l’humanité” et “tous les pays peuvent en bénéficier”, mais “elles soulèvent également des préoccupations éthiques de fond”, souligne dès son préambule la recommandation de 28 pages, ratifiée par les 193 Etats-membres de l’Unesco.
Il y a “nécessité d’assurer la transparence et l’intelligibilité du fonctionnement des algorithmes et des données à partir desquelles ils ont été entraînés”, car ils peuvent influer sur “les droits de l’Homme et les libertés fondamentales, l’égalité des genres, la démocratie”, assure encore cette organisation internationale basée à Paris.
Presque absente au début du millénaire, l’IA s’est progressivement introduite dans nos vies: elle décide quelles actualités nous lirons sur notre téléphone, quels films nous seront proposés en streaming, quels trajets les systèmes de guidage nous feront suivre…
Mais les algorithmes qui lui permettent de fonctionner ont aussi été détournés à mauvais escient ces dernières années, illustrant ses dangers.
Facebook a été au centre de plusieurs scandales. Le cabinet britannique Cambridge Analytica a été accusé d’avoir détourné les données du géant américain pour peser politiquement sur le référendum ayant amené au Brexit au Royaume Uni, et sur l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis.
Fruit d’un travail ayant démarré en 2018, la recommandation de l’Unesco met en avant des valeurs – “Respect, protection et promotion des droits de l’Homme”, “diversité et inclusion”, promotion de “sociétés pacifiques” et de l’environnement – que les Etats-membres s’engagent à respecter.
Elle liste également des actions que les signataires devront réaliser, notamment la mise en place d’un outil législatif pour encadrer et surveiller les IA, “assurer une sécurité totale pour les données personnelles et sensibles” ou encore éduquer les masses à leur sujet.
“Nous voulions avoir outil universel et relativement précis, qui ne reste pas au niveau des valeurs et des généralités”, s’est félicitée la directrice générale de l’Unesco, Audray Azoulay, saluant “une victoire du multilatéralisme” lors d’une conférence de presse.
Cette recommandation “fixe un cadre normatif mondial et donne aux Etats-membres la responsabilité de traduire ce cadre à leur niveau. C’est comme une source d’inspiration, un référent partagé”, dont l’Unesco vérifiera ensuite les avancées pays par pays, a-t-elle ajouté.
hn
Auteur: LDA Journaliste