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Côte d'Ivoire : Ces enfants mendiants qui résistent à l’école obligatoire

A l’issue du conseil des ministres du mercredi 29 juillet 2015, le Gouvernement ivoirien avait annoncé que les parents qui violent la Loi qui impose la scolarisation obligatoire de six à 16 ans, pourront subir une peine de prison de deux à six mois et une amende pouvant aller jusqu’à 500.000 F CFA (762 euros) ou l’une ou l’autre de ces deux peines seulement, et que cette mesure devrait entrer en vigueur dès la rentrée  2015-2016.

Le mercredi 24 juillet 2013, le Gouvernement a fait savoir qu’à compter du 5 août 2013, tout mendiant ou vendeur ambulant chopé à un carrefour de la ville d’Abidjan assumera les conséquences qui en découlent. L’article 190-nouveau du Code pénal ivoirien de juillet 1995, stipule que « toute personne qui est capable d’exercer un travail rémunéré et qui se livre habituellement à la mendicité est punie d’un emprisonnement de trois à six mois et peut être frappée pendant cinq ans d’interdiction de séjour, ou d’interdiction du territoire de la République, ou d’interdiction de paraître en certains lieux ».

En cette année scolaire 2017- 2018, l’ont voit encore aux abords des grandes voies, des rues et de certaines mosquées d’Abidjan des parents qui par ignorance ou par défi de ces lois, forment leurs progénitures à la mendicité  au lieu de les diriger vers les bancs de l’école.

Dans certains quartiers de Cocody, le quartier chic d’Abidjan, dont les alentours de la mosquée de la Riviera Golf, ce phénomène est observé. La Convention relative aux droits de l’enfant du 20 novembre 1989, entrée en vigueur le 2 septembre 1990, stipule en son article 28 que « les États parties reconnaissent le droit de l’enfant à l’éducation, et en particulier en vue d’assurer l’exercice de ce droit progressivement et sur la base de l’égalité des chances, ils rendent l’enseignement primaire obligatoire et gratuit pour tous ».

La Côte d’Ivoire a ratifié cette convention  le 4 février 1991. En la ratifiant, elle s’est engagée à faire de la protection de toutes les personnes âgées de moins de 18 ans, une priorité gouvernementale et à rendre compte chaque cinq ans, auprès des Nations Unies de l’application de ladite convention dans le pays.

Fort de ce constat, l’on s’interroge sur la pertinence et l’effet des mesures prises pour obliger les parents à scolariser leurs enfants en vue de leur offrir l’alternative de s’offrir un lendemain meilleur autre que l’expertise en mendicité.

Formés au métier de la mendicité

Enfants mendiants

 

Des enfants de bas âge sont utilisés par leurs parents pour exercer la pression morale nécessaire pour susciter la pitié et se faire plus d’argent. En parcourant certaines grandes artères d’Abidjan, l’on rencontre ces mômes qui par temps froid ou chaud, respirent la poussière ou traînent dans la boue aux côtés de personnes adultes. Avec des bols en main ou déposés par terre, on les spécialise à préparer leur avenir en comptant sur l’aumône des passants.

Au carrefour de la Riviera III rond-point Orca Déco, une mendiante interrogée par l’AIP justifie son action. « Mes filles ont deux ans, mon mari sait que je viens ici avec les enfants. Je n’ai pas envie de prendre crédit et puis je ne pourrai pas rembourser. Pour le moment, je préfère venir au bord de la route, c’est mon gagne pain. Quand les enfants vont grandir, je vais trouver une autre solution », a rétorqué la dame qui a préféré taire son nom.

La Convention de 1989 stipule en son article 32 que les États signataires reconnaissent le droit de l’enfant d’être protégé contre l’exploitation économique et de n’être astreint à aucun travail comportant des risques (…).

Quand bien même la mendicité n’est pas « un travail très physique », les enfants sont exposés contre leur gré à des conditions de vie néfastes à leur santé et à leur épanouissement. De façon  psychologique, on les prépare à fouler au pied les valeurs de l’amour du travail, de la persévérance, du courage  en vue de pour venir à bout de la dépendance et de la pauvreté.

Par l’entremise de la Première dame Dominique Ouattara, l’Etat ivoirien s’évertue à lutter contre les pires formes de travail des enfants (PFTE) dont ceux pratiqués dans la cacaoculture. En ce 21ème siècle, la mendicité imposée aux enfants devrait être considérée comme une PFTE, que l’Etat dans sa mission régalienne, devra éradiquer effectivement.

AIP

Auteur:
LDA Journaliste