Dans une déclaration conjointe produite, le lundi 25 mars 2024, au siège du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), des organisations ivoiriennes de lutte pour les droits des femmes ont plaidé, auprès du gouvernement pour l’adoption des lois “spécifiques et rigoureuses” , contre les féminicides en vue de freiner la persistance des violences faites aux femmes dans le pays. Cette déclaration s'inscrit dans le cadre de la Journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes.
Ces organisations, par la voix de Méganne Boko, ont dénoncé des chiffres issus d’une étude de l’ONG CPDEFM, en 2020, qui font état de plus de 416 femmes tuées de manière violente dans le district d’Abidjan.
Selon ces organisations, les statistiques révèlent les failles d’un système qui peine à assurer leur protection et à rendre justice.
Elles ajoutent que malgré les engagements des autorités en matière de protection des droits des femmes, les actions concrètes pour mettre fin à cette spirale meurtrière sont insuffisantes.
Les ONG s’insurgent contre le fait que les enquêtes piétinent, les procédures judiciaires sont lentes, et l’application des lois manque de rigueur, laissant les victimes et leurs familles sans recours et les coupables souvent impunis.
Aussi, entre autres recommandations, le collectif des ONG souhaite la reconnaissance juridique du terme " féminicide" dans les Violences basées sur le genre (VBG), des sanctions exemplaires pour les auteurs de féminicides, la production et diffusion de statistiques nationales sur les féminicides et l’intégration de l’éducation aux droits humains dans les programmes scolaires.
Pour ces organisations féminines, il faut une "réponse ferme et urgente" à la question du féminicide en Côte d’Ivoire avec une réforme judiciaire pour former les forces de l’ordre sur les violences de genre et accélérer les procédures dans les cas de féminicides.
Elles exhortent également la population et les médias à faire preuve de responsabilité en rejetant toute forme de "propos sensationnalistes ou justifiant ces crimes abominables".
Ces organisations expriment la compassion aux familles endeuillées, saluent la mémoire de toutes les femmes victimes de féminicides et réaffirment leur détermination à poursuivre le combat pour qu’aucune femme, aucune fille, ne soit jamais laissée seule face à ces violences inacceptables.
La déclaration émane des cinq ONG à savoir la Ligue ivoirienne des droits des femmes, Opinion éclairée, Akwaba Mousso, Association ADEEN Tahny IY, Gouttes rouges et Stop au chat noir.
Cette rencontre marquait le lancement de l’édition 2024 des 16 jours d’activisme pour l’élimination des violences à l’égard des femmes qui s’achèveront le 10 décembre. Les organisations signataires de la déclaration s’engagent durant cette période à redoubler d’efforts pour sensibiliser, mobiliser, et promouvoir une tolérance zéro face à la violence envers les femmes.
Il y est prévu des Journées portes ouvertes avec consultations gratuites, des forums, des séances d’écoute et de sensibilisation, des concours de lectures et des marches etc.
Auteur: Pacôme Kouassi