L’université libérale d’Abidjan est une initiative du Centre d’études prospectives (CEP). Ce Centre se présente comme un forum libéral de dialogue politique, de promotion de la démocratie et des penseurs libéraux, à travers des rencontres d’échanges. Et ce n’est pas une affaire qui est portée par un novice de la pensée libérale. L’actuel ministre ivoirien des Ressources Animales Sidi Touré en est l’initiateur. Foncièrement, le libéralisme n’est pas un champ nouveau pour cet ancien président des jeunes libéraux. En 1998, il a occupé la présidence de l’Organisation de la jeunesse libérale de Côte d’Ivoire (OJLCI), et 4 ans plus tard (en 2003), il devient le président de l’Organisation de la jeunesse libérale africaine (OJLA) jusqu’en 2007, puis membre du bureau de la Fédération international des jeunes libéraux et radicaux (IFLRY) avant d’occuper le poste de trésorier de l’Internationale libérale entre 2012 et 2013.
Aujourd’hui, ce cadre du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), parti au pouvoir, entend mobiliser les intelligences pour la promotion du libéralisme qui définit l’essence politique de son parti via l’université libérale d’Abidjan.
Le jeudi 8 juin dernier, au Novotel d’Abidjan Plateau, devant un parterre d’invités dont le président du Front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi Nguessan, nouveau partenaire du RHDP, la 1ère édition de l’université libérale d’Abidjan a eu lieu en collaboration avec la Fondation Friedrich Naumann(FNF), pour la liberté. Sous la thématique : « Mutations politiques et économiques mondiales : menaces sur les libertés ? ».
L’objectif principal était de lancer un débat relativement aux impacts de la géopolitique mondiale sur la Côte d’Ivoire et de proposer des orientations géostratégiques et libérales qui assurent le développement de notre pays, et ses choix de société ouverte dans un contexte sous-régional anxiogène.
Ainsi, le ministre Sidi Touré a expliqué que le Centre d’études prospectives est un espace, où se construit la culture de la pensée libre responsable, opérationnelle et prospective. Il servira de cadre d’échanges sur les défis perpétuels de développement du continent, les libertés individuels, l’Etat de droit etc « Notre continent ne doit pas subir, mais doit être de continent qui participe à la construction de l’avenir du monde », a indiqué Sidi Touré. Qui pense que les conflits, l’insécurité et bien d’autres instabilités (le terrorisme, les contentieux électoraux etc) constituent des atteintes aux libertés individuelles. C’est pourquoi, les Etats africains doivent mettre en place, au regard des grandes mutations du monde, des zones stratégiques qui les positionnent sur l’échiquier mondial, en tenant compte du contexte géopolitique actuel et futur.
Joe Holden, directeur Afrique de l’Ouest de la FNF, s’est félicité de cette collaboration entre ces deux entités libérales. Pour lui, porter des reflexions sur la problématique des mutations politiques et économiques, géopolitiques, les menaces sur les libertés individuelles en Afrique et plus précisément en Côte d’Ivoire dans un contexte mondial de bouleversement parait pertinent. Et de souligner que le bouleversement du paysage géopolitique et économique du monde a mis à rudes épreuves la démocratie libérale dans la volonté d’une « certaine pragmatisme » de certaines puissances, ouvrant la porte à la restriction de libertés au renforcement de régimes anti-démocratiques et à la mauvaise gouvernance.
« La Côte d’Ivoire comme bien d’autres pays qui ont fait le choix de l’ouverture sur le monde depuis leur indépendance sont menacés de déstabilisation. La Côte-d’Ivoire reste vulnérable, car entourée de pays en proie au terrorisme et à des coups d’Etat. (..) Les libertés et la démocratie restent encore les seules conditions pour bâtir un environnement socio-politique et économique viable pour les citoyens et les Etats », a insisté Joe Holden, soulignant que le libéralisme a fait reculer la pauvreté en Afrique et continue de briser les chaînes de sous-développement, lorsqu’on s’y applique avec rigueur.
Trois panels avec des experts ont permis d’échanger autour des sous-thématiques suivantes : « la démocratie à l’épreuve du « pragmatisme » des puissances émergentes en Afrique », « Mutations politiques et économiques : comment défendre l’Etat de droit et la société ouverte », « La Côte d’Ivoire dans le tourbillon Ouest africain ».
A l’issue de ces panels des recommandations ont été faites. Ce sont entre autres la création de cadres juridiques, institutionnels et politiques favorables au développement durable ; de fortes décisions pour sécuriser la propriété foncière (un pilier du libéralisme), la construction de l’Etat de droit à travers des textes (constitution, décisions de justice etc), la hiérarchisation et maîtrise des frontières, la promotion de l’intercommunalité etc.
Auteur: Daniel Coulibaly