Un sommet alternatif des organisations de la société civile africaine s’est tenu le mercredi 5 octobre 2022 à Abidjan. Ce forum est une initiative de Lumière synergie pour le développement (LSD) pour exhorter la Banque africaine de développement ( BAD) à mettre fin aux financements des projets qui intensifient le changement climatique, nuisent à l’environnement et causent des violations des droits humains sur le continent. En référence à son système de sauvegarde intégré ( SSI), visant à prévenir et atténuer les impacts environnementaux et sociaux que pourraient avoir ces projets visiblement en déphasage avec sa politique de protection environnementale.
C’est donc une invite à la Banque à jouer son rôle dans le processus de transition énergétique et son aboutissement à la résilience climatique en Afrique.
Au Sénégal, précisément dans la ville de Bargny(Sendou), située à environ 35 km au Sud-est de Dakar( la capitale), la centrale thermique à charbon( 120 MW) et celle de Malicounda( département de Mbour) de 120 mégawatts financées en partie par la BAD sont contestées par les communautés environnantes, parce que inquiètes des futurs impacts climatiques. Idem en Côte d’Ivoire, dans le village de Taboth( Jacqueville,) la centrale électrique à gaz de 390 KW d’Atinkou, financée par un consortium de bailleurs dont la BAD est décriée par les populations impactées du fait des impacts négatifs à l’avenir, et surtout d’un dédommagement insuffisant, selon des propriétaires terriens.
C’est au vu de tous ces projets qui affectent le quotidien d’une bonne frange de la population africaine, que des organisations de la société civile africaine dont LSD qui lutte pour ces impactés ne cesse d’interpeller l’institution financière sur ses propres engagements.
Pour Aly Marie Sagne, président et directeur exécutif de LSD, il revient à la BAD qui défend le bien-être des populations à revoir sa politique de développement environnementale et sociale. Selon lui, le forum alternatif d’Abidjan visait donc à attirer l’attention de la Banque sur ses engagements vis-à-vis des communautés africaines, de plus en plus exposées aux impacts négatifs d’un certain nombre de projets qu’elle finance. Surtout que la Banque tient un forum du 6 au 7 octobre 2022 dédié aux organisations de la société civile africaine à Abidjan. «(…) Ce forum pour nous ne répond pas en termes de transparence, d’inclusion et de participation. C’est pourquoi, nous nous sommes réunis à Abidjan avec des communautés qui souffrent de certains projets de la BAD pour exprimer notre mécontentement. », a-t-il soutenu.
«Nous demandons un espace ouvert, où nous pourrions échanger nos expériences par rapport aux projets et les politiques sectorielles de la BAD, et aussi sur la crise climatique et de durabilité de projets avec l’institution dans un esprit constructif pour faire avancer le continent ; car elle travaille pour ces peuples. Lesquels ont le droit de lui demander des comptes », a fait savoir M. Sagne.
Pour sa part, Ladd Connell, directeur environnement de Bank information center, a souligné que le développement durable ; c’est toujours sur la base de partenariat avec les peuples qui sont affectés par des projets de développement. Et de relever les 4 points essentiels dans la mission de sa structure, à savoir la transparence, la durabilité, l’inclusion et la comptabilité.
Les participants à ce forum venaient du Ghana, du Sénégal, du Kenya, du Togo, de la Gambie, de la Côte d’Ivoire( avec la coalition ivoirienne de la défense des droits humains) , des États-Unis etc.
Pour rappel, depuis 2010, un cadre formel d’engagement et de collaboration renforcée existe entre la BAD et la société civile africaine, en vue de la sauvegarde environnementale et sociale.
Auteur: Daniel Coulibaly