Abidjan, le mardi 7 octobre 2025(LDA)-L’écrivain et penseur marocain, à son habitude, réfléchit et analyse la situation politique et sociale du Maroc et propose un ouvrage documenté sur le Maroc du futur en posant les bonnes questions et en apportant des réponses à des attentes actuelles.
C’est le dixième essai de politologie de l’écrivain et penseur marocain, Abdelhak Najib. Après « Maroc, de quoi avons-peur », « Liberté », « La crise des valeurs, des valeurs en crise », après « Quel Maroc pour l’avenir », après « Maroc, ainsi soit-il »…, voici un nouvel opus d’analyse politique et sociale, intitulé : « Maroc, les défis du futur, paru aux Éditions Orion.
D’emblée les chapitres de cet essai nous interpellent et nous placent devant les préoccupations de l’actualité brûlante que vit le Maroc depuis le 28 septembre 2025 : « Comment faire la politique autrement », « Le pouvoir de la résilience des Marocains », « Les urgences nationales », « Les géographies de la peur », « Le gouvernement Akhannouch, quelles leçons en tirer », « Pourquoi rien ne change », « L'exploitation économique et l'oppression idéologique », « L’économie va très mal, la société va très mal », « Liberté ou embrigadement des masses », « Rendre la société imbécile, c’est jouer avec le feu », « L’intellectuel marocain, une race qui a disparu », « Réforme du système de santé au Maroc », « Évènements de Fnideq, au-delà des commentaires, quelles solutions »… et tant d’autres sujets brûlants. Les titres de tous les volets décortiqués dans cet ouvrage en disent long sur l’acuité de ce travail qui a accompagné les grandes interrogations citoyennes depuis cinq ans et tente d’apporter des lectures réalistes, logiques et rationnelles de ce qui ne vas pas au Maroc et de ce qui doit être entrepris en urgence pour rectifier le tir, si l’on ose dire. Abdelhak Najib, comme il nous a habitué, régit à l’actualité avec une ponctualité déconcertante, surtout qu’il avait déjà fait le diagnostic du Maroc et des manifestations des jeunes aujourd’hui dans son essai politique, intitulé : « Maroc, ainsi soit-il » dont le titre donne toute la teneur de la politique au Maroc qui va à deux vitesses diamétralement opposées. D’un côté, la politique visionnaire de Sa Majesté le Roi, Mohammed VI. De l’autre, les lenteurs et les dysfonctionnements d’un gouvernement, dirigé par Aziz Akhannouch, en rupture totale avec les réalités sociales du Maroc. Dans ce sens, Abdelhak Najib souligne dans son livre que : « Dans des domaines très fragilisés comme la politique de la solidarité et de la famille, le Maroc a encore du pain sur la planche tant les inégalités sont criardes, tant la femme et la famille souffrent d’archaïsmes multiples qui ont la peau dure. C’est le même impératif dans un domaine comme la santé, un département qui souffre de plusieurs maux et qui a besoin d’une réforme structurelle et d’une vision claire, avec du pragmatisme pour assainir, apporter les changements qu’il faut en urgence, pour redonner confiance aux Marocains qui sont unanimes à affirmer que le système de santé marocain est faillible, injuste et ne respectant aucunement la dignité des uns et des autres. C’est la même logique qui vaut pour l’aménagement du territoire et l’habitat pour offrir aux Marocains des logements dignes de ce nom dans le strict respect des valeurs humaines fondamentales qui sont d’abord le droit à un toit décent. C’est le même appel face à la crise révoltante de l’Éducation et de l’Enseignement, avec des ministres qui ont consacré les faiblesses et plongé ce secteur vital et stratégique dans l’impasse ».
Abdelhak Najib passe au crible tous les ratages de ces dernières années, au moins depuis 2010. Quinze longues années de cafouillage et de failles qui ont abouti à une profonde et grave crise sociale sur fond de colère citoyenne, avec une jeunesse consciente qui a investi les espaces publics pour demander justice : « En cinq années d’exercice, beaucoup de failles ont été identifiées, des ratages, des défaillances, une très mauvaise gestion de la chose publique, une coupure nette avec la base du peuple marocain, une forme d’arrogance, couplée parfois à des insultes et des jugements de valeurs qui ont profondément heurté le peuple marocain. Sans oublier des secteurs entiers qui souffrent de dysfonctionnements systémiques, tels que la santé, l’éducation, l’enseignement supérieur, le travail, l’habitat, la justice, le commerce, le tourisme, la transition numérique, l’agriculture et la pêche maritime, la culture et la jeunesse, laissée pour compte et considérée comme la dernière roue du carrosse. Ce qui a conduit à un ras-le-bol généralisé finissant dans les rues du Royaume exigeant la démission de la coalition au pouvoir tout en lui demandant des comptes sur la mauvaise gestion, sur la corruption, sur le manque d’équité et d’égalité sociale », précise Abdelhak Najib. De fait, cet ouvrage s’arrête aussi sur d’autres points chauds dont souffre la politique au Maroc : la corruption, la gabegie, les passe-droits, la politique de la rente, la médiocratie qui doit être remplacée par une véritable méritocratie, tant le pays regorge de compétences marginalisées et qui n’ont aucune voix au chapitre, avec des horizons bouchés et des inégalités de chances meurtrières.
Abdelhak Najib avance à ce propos : «Il y a clairement, et sans l’ombre d’un doute, quelque chose qui ne va pas, quelque chose qui ne tourne pas rond, au sein de ce gouvernement en rupture totale avec les réalités du pays. Ce qui pousse de nombreux observateurs à affirmer que les membres du gouvernement ignorent tout sur ce que le peuple endure comme manque, comme injustice, et comme isolement et marginalisation, à tous les niveaux ».
"Nous sommes donc, avec cet essai politique, très actuel et qui répond à des questions brûlantes, face à un réquisitoire en bonne et due forme des dysfonctionnements qui pénalisent la vie publique au Maroc et handicapent la bonne marche de la société marocaine qui mérite un meilleur gouvernement, des ministres compétentes, bien formés, sachant prendre leurs responsabilités avec sérieux et dévouement, loin de tous les desseins carriéristes de tant de politiciens qui se bousculent au portillon pour profiter de la manne de l’État sans remplir leurs fonctions et assumer leurs missions", soutient l'écrivain marocain.
« Mais il y a pire : la conviction de ce gouvernement que ces manifestations de la jeunesse marocaine n'auront aucun effet, et que tout finira par rentrer dans l’ordre et que l’on va tourner cette parenthèse désenchantée et continuer comme avant. C’est là l’erreur fatale dont est capable ce gouvernement, coupé de toute logique. Croire que ce sont là des incidents qui vont bientôt être oubliés. La rue bouillonne », conclut Abdelhak Najib.
Auteur: Mohamed Compaoré