Madagascar/Lutte contre le viol : la castration chirurgicale infligée aux violeurs d’enfants

Le gouvernement malgache a annoncé la semaine dernière avoir pris le décret imposant la castration chirurgicale pour les violeurs de mineurs.

Cet acte chirurgical pour ces criminels, marque ainsi une nouvelle ère dans la législation pénale du pays.

La Grande Île, qui avait adopté en février dernier ce texte très controversé, devient donc l’un des rares pays au monde à autoriser la pratique de cette chirurgie irréversible.

Le décret d’application, pris en toute discrétion mardi 27 août, comme l’a indiqué un communiqué du gouvernement, n’a toutefois pas encore été rendu public.

Maintenant que le décret fixant les modalités d'application de la castration chirurgicale a été pris, il revient à la justice malgache de prononcer cette peine.

Mais plusieurs questions restent en suspens : quels praticiens ou quelles structures seront chargés d’effectuer cette intervention définitive ? Qui paiera l’addition ? Comment la justice va-t-elle prioriser les agresseurs soumis à cette peine ?

Controverse internationale

Autant de questions pour l’instant sans réponse, car le texte n’a pas encore été diffusé.

Cette peine, «visant, selon le gouvernement, à dissuader les crimes sexuels et à prévenir la récidive », reste fort critiquée. Son éthique et son efficacité n’ont cessé, ces derniers mois, de diviser l’opinion publique et les experts internationaux.

Sur l’île, la Conférence des évêques de Madagascar, mais aussi de nombreuses ONG de défense des victimes de viols s’étaient érigées contre cette loi. Amnesty International et l’ancienne ambassadrice de l’Union européenne avaient quant à eux dénoncé cette pratique, l’estimant « cruelle », « inhumaine » et « incompatible avec les normes internationales relatives aux droits humains ».

Marie-Christina Kolo, cofondatrice du mouvement Women Break the Silence, une organisation qui lutte contre la culture du viol sur l’île, s’est exprimée à ce sujet. Pour elle, l’adoption de ce décret d’application de la castration chirurgicale pour les violeurs de mineurs est un nouveau « recul en termes de transparence ».

« Aujourd'hui, je n'ai aucune visibilité sur le contenu de ce décret, je n'ai aucune visibilité également sur les moyens qui seront mis en œuvre. Est-ce qu'on va utiliser encore plus de ressources financières pour ce type de solution, alors que les ressources manquent déjà aujourd'hui pour juste une prise en charge psychologique des victimes ? », a-t-elle déclaré.

Plusieurs présumés coupables sont en attente de leur peine dans les prisons malgaches. Tous les regards seront désormais portés sur les sentences prononcées.

Pour rappel, la castration chimique ayant été jugée inconstitutionnelle, seule la castration chirurgicale a été promulguée. Et ce, en dépit des controverses.

 

source RFI

 

Auteur: I Khalil

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